mardi 29 novembre 2016

Progresser sur la Voie, améliorer la personne ?

Question :
Je sens encore que je fonctionne dans le sentiment de progresser sur le chemin .
Je crois devoir améliorer la personne, la dénévroser . Je connais très peu de moments de joie et de paix.....
Réponse :
On peut parfois parler de progresser sur le chemin.
De quoi s'agit-il alors?
Lorsque les moments de souffrance, de doute, d'abattement, se raréfient, lorsque les moments de paix, de clarté, de joie sans cause se déploient de plus en plus dans notre vie.
Mais aussi lorsque l'idée de saisir quelque chose, de progresser, de s'améliorer, disparaît de plus en plus de notre quotidien.
Voici sans doute des signes de progression.
Jusqu'au jour où nous réalisons que nous sommes déjà ce que nous cherchons, qu'il n'y a fondamentalement rien à atteindre et personne pour progresser.
Améliorer la personne, la "dénévroser", appartient à la psychologie et aux Voies progressives qui procèdent par accumulation de mérites.
Du point de vue absolu, cela n'a aucun sens de tenter d'améliorer une entité personnelle qui en fait, n'existe tout simplement pas.
C'est bien souvent cette recherche de perfection, de progression, qui nous coupe de notre perfection originelle.
Enfin, sachez-le, la quiétude, la paix, la joie, ne sont jamais loin. Il s'agit, tout simplement, du parfum de notre nature originelle, ce que vous êtes, et que vous refusez en courant après les objets, les concepts, poussé par le mirage d'une utopique perfection.
Réaliser, découvrir cela seul n'est pas évident.
Se relaxer dans l'ambiance amicale créée par ceux qui partagent le même idéal, est l'opportunité la plus facile et favorable pour découvrir Ce qui est.
A noter:
Retraite d'hiver du 28 décembre au 1er janvier 2017

mercredi 16 novembre 2016

Dialogue avec un moine Bouddhiste .



Nous étions assis tranquillement dans un jardin, à l'ombre de grands arbres.
Une douce brise nous rafraichissait, malgré la chaleur intense d'un été implacable.
En face, le moine avait choisi une chaise austère sur laquelle il pouvait maintenir une posture bien droite.
Il ajusta sa robe et dit :

"Lorsque je regarde un arbre par exemple, je ne vois pas un arbre.
Je m'exerce à ne voir qu'un objet tel qu'il est, sans aucun commentaire, même pas le mot arbre.
L'important est ainsi de rester dans la non-pensée et de la maintenir.
Ainsi, aucune perturbation ne peut s'élever, et c'est la paix."

-Cette attitude, semble, excusez-moi, basée sur l'hypothèse qu'il y a là quelqu'un capable de contrôler sa pensée, et de s'exercer à ce contrôle.
Mais qui va ainsi réussir à demeurer dans la non-pensée, à ne pas juger, à ne voir les choses que comme ceci, ou comme cela?
Autrement dit, qui est le contrôleur?
Le contrôleur semble ici exercer un contrôle sur les choses, mais n'est-il pas lui-même un objet?
Le contrôleur ne fait-il pas lui même partie du contrôlé ?
La paix qui semble résulter de cette attitude ne comporte aucune liberté.
Elle suppose d'enchainer une personne factice à un exercice particulier pour se maintenir.
Aussi est-elle très menacée.
Pourquoi avoir peur des choses, des objets, des pensées, de l'émotion....?
Voyez simplement que tout cela est perçu.
Laissez-le libre d'apparaître, de se déployer, de vous quitter.
Il n'est personne pour contrôler ou maîtriser quoi que ce soit.
Tout cela est le jeu de la manifestation se déployant au sein de la Conscience dont elle est l'activité même.
Soyez sciemment cette Conscience, libre des objets apparaissant en elle.
Là est la source de la paix, de la joie, même au milieu du tumulte.
Voyez que cette tentative de contrôle vient de la peur.
En aucun cas, ce qui vient de la peur ne peut nous conduire à la liberté.
Installez-vous plutôt au centre, là ou il n'y a personne, là ou tout est originellement libre et dépourvu de forme; sans effort et sans affectation, et profitez ainsi du bonheur de votre nature véritable.
N'était-ce pas finalement l'essentiel du message du Bouddha?

mercredi 9 novembre 2016

Attentats, posture et imposture.



Question :
Je réalise que tout ce qui arrive est juste. Catastrophes, attentats, aucun évènement n'est triste ou malheureux, il est.
J'essaie de ne plus mettre d'émotionnel  ni de jugement sur les choses, qu'en pensez-vous?

Réponse :
Je pense, à vous lire, que vous êtes totalement à coté de la plaque.
Votre fonctionnement me paraît être encore focalisé sur les choses, sur la bonne façon de faire, sur l'importance de ne pas mettre d'émotionnel, de considérer que tout est bon, même les pires horreurs....
Mais où est donc la personne capable de tout contrôler, de tout maîtriser ainsi ?
La non-dualité n'est en rien une nouvelle façon de fonctionner, où tout deviendrait fadasse et indifférencié.
Bien sûr que l'émotion, même intense apparaît, bien sûr qu'il peut y avoir rires ou pleurs.
Evidemment et heureusement, il y a jugement, et certaines actions sont totalement condamnables.
Tout cela, simplement, apparaît spontanément, naturellement en nous, c'est-à-dire à la Conscience.
Tout cela est le jeu même de la Conscience.
Il n'y a personne, aucune entité, pour le contrôler.
Etre établi dans la non-dualité, signifie se savoir être cette Présence-Consciente et assister au déploiement de sa manifestation.
Ainsi, dans l'absolu nous réalisons l'unité de toutes choses, mais dans les faits, nous contemplons et participons à leur diversité.
De là naissent la paix, la joie, l'harmonie et non d'une attitude affectée de pseudo contrôle.
La non-dualité ne doit jamais devenir une posture, elle ne serait alors qu'une imposture de plus.